vendredi 24 décembre 2010

" la vidéosurveillance " Sur libération.fr ...

«Etre contre la vidéosurveillance pour des raisons idéologiques, c'est du délire»

INTERVIEW par Quentin Girard

Abdelhak Kachouri, vice-président socialiste du conseil régional d'Ile de France décrypte le plan de vidéosurveillance pour Paris, qui vient d'entrer dans sa phase active.

Le «plan de vidéoprotection pour Paris», pour un coût de plus de 200 millions d’euros, vient d’entrer dans sa phase active,comme l’indique Le Figaro dans son édition de lundi. 13.000 caméras publiques et privées seront reliées à un même système d’enregistrement, auquel la police aura accès, voire l’Elysée. Voté il y a un an, il avait suscité la polémique dans le camp de la majorité parisienne et était passé grâce aux voix de la droite. Pourtant, il répond à une tendance générale, notamment en Ile-de-France, où les mairies de gauche ont depuis un moment déjà suivi le mouvement.

Abdelhak Kachouri, maire adjoint de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) et vice-président socialiste du conseil régional d'Ile-de-France en charge de la sécurité estime ainsi que c'est du «délire aujourd'hui» d'être contre la vidéosurveillance pour des raisons idéologiques.

Longtemps la vidéosurveillance a été un thème de droite, c’est encore le cas?

Mais en fait la gauche n’a jamais dit vraiment qu'elle était contre. Prenez l’exemple de Lille, qui est concret. Depuis 2001, depuis que Martine Aubry est maire, un dispositif moderne de vidéosurveillance a été installé dans les lieux clos et les transports en commun. On a été enfermé par la droite dans notre côté angélique et notre approche bisounours des problèmes des quartiers, mais ce n’est plus le cas. Il faut développer les systèmes de vidéosurveillance, mais ce n’est pas le seul aspect, évidemment. Il faut y mettre des travailleurs sociaux, et augmenter les effectifs de la police nationale. Tout ne va pas aller pour le mieux en un jour juste en mettant des caméras.

L’année dernière, à Paris, deux élus socialistes se sont abstenus et les Verts ont voté contre ce plan, pourquoi y-a-t-il des divisions sur ce sujet?

Je les invite à prendre leurs responsabilités, à aller dans la rue, et à rencontrer les vrais gens. Nous, à Saint-Ouen, on a 30.000 salariés qui passent chaque jour, il faut organiser leur sécurité. Mais il n’y a pas que certains élus de gauche qui sont contre, il y a aussi des élus de droite qui pinaillent.

Ils sont contre pour des raisons de coût ou pour des raisons idéologiques?

Ce n’est pas le coût la raison. Ils s’opposent à la vidéosurveillance pour des questions idéologiques, mais être contre pour ça, c’est du délire aujourd’hui. Quand vous retirez de l’argent, vous êtes filmés, quand vous prenez de l’essence, vous êtes filmés, quand vous allez sur l’autoroute, vous êtes filmés. On est déjà filmé toute la journée, développer le système de vidéosurveillance n’est pas une atteinte à la vie privée, aux droits à l’image, c’est du pipeau de dire ça. Ceux qui le disent se cachent derrière des grands principes au lieu d’être pragmatiques pour traiter les problèmes. Sur le terrain, les gens sont demandeurs, ça les rassure, et si c’est bien fait, ça peut être efficace.

Comment abordez-vous la question de la vidéo-surveillance à Saint-Ouen?

Pour l’instant, il n’y a pas de caméras. On est dans une reflexion politique assez importante, engagée depuis septembre 2008.  Au départ, nous pensions initialement installer la vidéosurveillance dans un quartier, la Place du 8 Mai 1945, mais nous avons la volonté aujourd’hui de l’étendre à d’autres points névralgiques, comme les puces de Saint-Ouen ou les entrées de la ville. Si j’étais à la place du maire, je validerais l’installation des caméras, avec la création d’un CSU, un centre de surveillance urbaine, à l’image des Mureaux dans le 78. C’est à dire qu’on n’enregistre pas mais qu’il y a des effectifs pour surveiller, en relation étroite avec les polices nationales et municipales (ndlr: à Paris, les bandes vidéos seront enregistrées avec le nouveau plan).