mercredi 26 mars 2014

Par Jean-Paul Huchon et Emmanuelle Cosse

Le 30 mars prochain, les Français éliront leur maire. La France est en suspens, et l’Ile-de-France avec elle, car de l’issue de cette élection, beaucoup de choses dépendront.

La crise du logement, elle, ne sera en suspens qu’un jour de plus. Le 31 mars prochain, avec la fin de la trêve hivernale, les expulsions de locataires pour impayé reprendront. 350 000 ménages qui vivent dans la région disposent de moins de 425 euros par mois et par unité de consommation pour vivre, une fois leur loyer versé, et risquent le surendettement ou la perte de leur logement. Au premier jour de leur nouveau mandat, les élus ne pourront pas l’ignorer, tant la crise du logement est profonde dans notre pays, tant elle engendre de la détresse, en particulier en Ile-de-France. Tous les parents savent que la première des sécurités que l’on doit à ses enfants est de leur offrir un toit.
 
Il serait inexact de croire que cette crise n’affecte que quelques-uns. Quand 65% des habitants de la région sont éligibles au logement social, c’est que l’offre de logements disponibles est bien trop rare et surtout bien trop chère. Quand plus d’un million de mal-logés vivent en Ile-de-France, c’est que la rénovation n’avance ni assez vite ni assez fort. Et quand un Francilien sur deux change de département pour aller travailler chaque matin, c’est que les logements sont mal répartis sur le territoire. Chacun de nous est concerné.
 
Il serait tout aussi inexact de dire que rien n’est fait par les pouvoirs publics. Avec 230 millions d’euros investis par an, la Région est le premier financeur local de logements en Ile-de-France. Sans l’institution régionale, 80% des programmes de construction n’auraient pas vu le jour. Dans une étude récente réalisée pour la FNAIM Grand Paris[2], les habitants de l’Ile-de-France nous en faisaient d’ailleurs crédit. Mais, c’est une évidence, tout ce qui a été fait jusqu’à présent n’a pas suffit à faire en sorte que le marché du logement fonctionne mieux. Parce qu’il nous manquait des outils adaptés pour le faire.
 
Tout comme les Franciliens interrogés dans cette étude, nous sommes convaincus que les réponses à la crise du logement ne peuvent être pensées et mises en œuvre qu’à l’échelle régionale parce que les modes de vie, de travail, de déplacement des habitants de notre région ont, depuis fort longtemps, dépassé les frontières des communes et des départements. Tout comme eux, nous sommes convaincus que rien ne peut être fait sans l’action conjointe des acteurs locaux, à commencer par les maires, qui délivrent les permis de construire. Tout comme eux, nous sommes convaincus que, pour que la Métropole et les intercommunalités puissent agir efficacement au service des Franciliens, une feuille de route doit être élaborée dès aujourd’hui.  
 
A partir de 2016, la Métropole du Grand Paris aura pour mission première d’accélérer la construction dans le cœur de l’agglomération – là où l’offre fait le plus défaut –, de prendre en charge l’hébergement d’urgence, et de trouver une solution pérenne aux 14 000 personnes qui sont logées à l’hôtel. Les intercommunalités feront de même en grande couronne.
 
2016, c’est à la fois un temps très court à l’échelle des institutions et un temps très long pour les ménages en difficulté de logement. La Région Ile-de-France entend donc lancer dès maintenant un plan d’action ambitieux. Elle ne le fera pas seule : dès juin prochain, elle co-pilotera avec l’Etat le nouveau comité régional de l’habitat et de l’hébergement. Il sera le lieu fédérateur, l’autorité à même de définir, de dialoguer voire d'imposer les efforts de construction de logements et de places d’hébergement.
 
Notre objectif est clair : il s’agit de doter tous les acteurs d’une feuille de route opérationnelle dans les plus brefs délais, pour lancer les futurs chantiers sur le terrain, avec les maires nouvellement élus. Des maires que nous souhaitons bâtisseurs, des maires conscients de ces enjeux, et désireux de dépasser les égoïsmes locaux pour mettre enfin un terme à cette crise. Des maires pour lesquels vous voterez, dimanche prochain.
 
 Emmanuelle Cosse, Vice présidente de la Région Ile-de-France en charge du Logement
 
Jean-Paul Huchon, Président de la Région Ile-de-France