mardi 18 septembre 2012

Discours séminaire Lutte contre les discriminations

Discours d’ouverture du séminaire lutte contre les discriminations
17 Septembre 2012

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Mesdames, Messieurs, les élu(e)s,
Mesdames, Messieurs les présidents d’associations,
Mesdames, Messieurs.

Tout d’abord, je tiens à remercier l’ensemble des personnes présentes aujourd’hui et plus particulièrement, celles qui nous ont permis de nous réunir ici, afin d’organiser ce séminaire. Un clin d’œil particulier à Séverine Mignon, Directrice à l’Unité société, Jean-Christophe Ulmer et toute leur équipe.
Je remercie les intervenants qui rythmeront cet après-midi de réflexion en nous apportant un éclairage certain sur bon nombre de sujets :
Mireille EBERHARD, Docteur en Sociologie, faisant notamment partie de l’INED et de l’URMIS
Olivier FLAMENT, Directeur de l’Association de Prévention du Site de la Villette
Thierry LAURENT et Ferhat MIHOUBI, Chercheurs au Centre d’Etudes des Politiques Economiques de l’Université d’Evry
Soraya KHADIR, Consultante à IMS – Entreprendre pour la Cité
Martine BERGER, Géographe et Professeure à l’Université Paris 1
Lucile METTETAL et Mariette SAGOT, de l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région Ile-de-France

Lutter contre toutes les formes de discriminations prohibées par la loi doit être un engagement fort et étendu à l’ensemble des territoires.
Reconnaitre l’existence de toutes formes discriminantes à l’égard d’un individu, était tabou il y a encore quelques années.
En 2012, force est de constater que les discriminations sont encore largement à l’œuvre dans de multiples domaines, tel que l’accès à l’emploi, à la formation, au logement, ou encore à l’éducation…
Laissez-moi juste vous rappeler quelques chiffres alarmants.
En 2010, selon le rapport annuel publié par la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité, prés de 50% des plaintes recueillies portent sur l’emploi, 29% sur des réclamations liées à l’origine, 19% sur le handicap. Selon les dernières statistiques, il est à déplorer une nouvelle hausse de 18% de ces plaintes.

Ce constat fragilise durement notre pacte républicain. C’est inacceptable !

Mais je sais aussi que pour gagner ce combat contre toutes les formes de discrimination, il faut savoir jouer collectif et votre présence aujourd’hui à nos côtés le prouve.
Je sais l’engagement des collectivités franciliennes, et elles sont nombreuses.
Je sais aussi que si les discriminations reculent dans certains domaines, c’est grâce à votre implication au quotidien pour porter haut la voix des victimes.
J’en veux pour preuve les engagements du Président de la République, tant sur les discriminations liées à l’origine, que sur les discriminations liées au genre, à l’âge, au handicap ou encore à l’orientation sexuelle. Je salue à cette occasion l’annonce courageuse de Christiane Taubira, Garde des Sceaux, relative à la légalisation du mariage et de l’adoption des couples homosexuels.
C’est une avancée immense.
Sur ce sujet, comme sur d’autres malheureusement, la France était bien en retard, alors que rien qu’en Europe, 8 pays ont déjà légalisé le mariage homosexuel, et qu’une étude du CREDOC de 2010 affirme que la moitié de la population française estime que deux personnes de même sexe devraient pouvoir adopter un enfant.




C’est avec ces actes que nous réaffirmerons avec force et conviction notre devise républicaine inscrite sur tous les frontons de nos bâtiments,
Grâce à laquelle chacun est l’égal de l’autre,
Grâce à laquelle chacun retrouve toute sa place au sein de notre république.


Et pourtant ce n’est pas l’arsenal législatif qui manque. Il doit être, certes, développé, renforcé et actualisé, mais il doit surtout être accompagné de dispositifs solides permettant de changer durablement les mentalités.


Voilà pourquoi le 17 février dernier, j’ai souhaité présenter devant notre assemblée un rapport visant à renforcer nos actions et cela en parfaite transversalité. Laissez moi vous rappeler les cinq grandes orientations de notre politique, votée à cette occasion. Collectivement, nous avons souhaité que la politique régionale soit :

. Incitative dans une perspective de responsabilisation sociale. Celle-ci se traduit par une valorisation des bonnes pratiques en matière de lutte contre les discriminations, par le développement de nouvelles actions de sensibilisation vers une culture de l’égalité commune et partagée, et par le renforcement des actions de communication relatives à la lutte contre les discriminations.
· Prioritaire en direction des publics les plus discriminés, particulièrement en fonction de leur origine, de leur situation de handicap, de leur âge, qu’ils soient jeunes ou séniors, ou de leur orientation sexuelle.
Et nous avons souhaité collectivement que la question du genre fasse l’objet d’un plan d’actions spécifique.

· Innovante, pour lutter contre toutes les formes de discriminations et notamment celles qui émergent. La nature cumulative des formes de discriminations, ou encore l’intégration de la problématique des inégalités territoriales qui frappent de plein fouet tant les quartiers populaires que les zones rurales, devront faire l’objet de toute notre attention, car je reste persuadé que ces nouvelles formes de discriminations doivent être intégrées dans les formes de discriminations reconnues par la loi.
Je salue à ce propos le rapport récent de l’INSEE reconnaissant clairement l’existence de ces discriminations, qui laissent bien trop souvent certains de nos jeunes au bord du chemin.

Sachez, Mesdames et Messieurs, qu’à la Région Ile-de-France, nous avons fait le choix, de lutter contre ces inégalités qui génèrent une aggravation de la fracture sociale avec la mise en œuvre d’une critérisation, qui permet de moduler les aides régionales en fonction des difficultés des territoires.

· Une politique régionale d’Expertise, qui doit nous pousser à améliorer les connaissances en matière de phénomènes discriminatoires, connaissances indispensables pour lutter de manière efficace. Ce travail est mené tant par les services de la Région que par les organismes associés tels que le Centre Hubertine Auclert ou l’IAU, par les chercheurs du Domaine d’Intérêt Majeur « Genre et Discriminations », et bientôt par l’Agence Régionale pour la Promotion de l’Egalité.
· Enfin une politique que je souhaite Renforcée en interne par une meilleure coordination, qui nous a amené à créer une Mission Administrative Transversale, regroupant l’ensemble des directions régionales, afin que la lutte contre les discriminations soient réellement l’affaire de tous. L’Exécutif et les élus régionaux sont également particulièrement mobilisés pour que cette problématique, qui nous concerne tous, ne soit pas relayée au second plan.

Ces nouveaux axes sont d’ores et déjà le fruit d’une démarche de concertation au sein de la Région, tant avec mes collègues vice-présidents et l’ensemble des élus régionaux, qu’avec l’ensemble des services.
Travail que je tiens à saluer ici et qui reflète une volonté réelle de bousculer les mentalités.
Mesdames et Messieurs, vous l’aurez compris, le vote de ce rapport, fixant les nouvelles orientations de la politique régionale en faveur de l’égalité réelle s’inscrit dans une démarche de transversalité, de débat et de co-construction avec l’ensemble de nos partenaires.
Ce rapport nous a permis de donner les grandes orientations, les axes conducteurs de la politique d’égalité que nous souhaitons mener au niveau régional. Il nous faut maintenant décliner ces orientations, au travers de deux plans d’actions ambitieux : l’un sur la politique en matière de lutte contre les discriminations, l’autre sur la question spécifique de l’égalité femmes-hommes.
Votre présence aujourd’hui nous est précieuse car votre participation nous permettra de mieux identifier les besoins urgents auxquels nous nous devons de répondre.
Mesdames et Messieurs, ce séminaire est le point de départ d’une phase de concertation, avec l’ensemble de nos partenaires. J’ai choisi pour cette première étape que nous abordions trois thématiques.
La première porte sur :
 L’Origine et le travail. Une récente étude de l’IAU démontre que les questions liées à l’origine et à l’accès à l’emploi doivent demeurer une priorité.
Parler de cette question, c’est faire preuve de pragmatisme, c’est identifier la souffrance quotidienne que peuvent subir certains de nos concitoyens, loin des débats stériles qui entrainent des confusions intolérables avec le communautarisme, qui ne servent, vous le savez comme moi, que la cause de la stigmatisation et de la division.
Je ne reviendrai pas ici sur les discours frontistes tenus pendant la campagne présidentielle, qui nous rappellent les heures les plus sombres de notre histoire commune.
Au travers de cet atelier, l’objectif est donc bien de voir non seulement comment nous pouvons lutter efficacement contre ce type de discriminations, mais également, et avant tout, comment lever les tabous qui y sont liés. ​

Le deuxième atelier s’intéressera à la question:
 LGBT, emploi et logement
La question de l’homosexualité et de sa reconnaissance se pose aussi envers les jeunes. Nous ne pouvons nier aujourd’hui les conséquences pour un jeune d’affirmer son homosexualité, que ce soit dans le cadre familial, amical ou scolaire.
Les avancées légales sur le mariage et l’adoption auront, je l’espère, un effet boule de neige au sein de notre société, afin que l’orientation sexuelle ne puisse plus être un motif de discrimination. Cela devient urgent quand on sait que sur ce seul motif certains jeunes se retrouvent privés d’une vie normale. Ne pas trouver un emploi, ou même un logement, du fait de son orientation sexuelle, peut détruire une vie et cela n’est plus possible dans le pays des Droits de l’Homme.

Enfin, un troisième atelier concernera :
 La Discrimination territoriale
Cette question est à la fois émergeante et controversée.
Certains sociologues tels que Thomas Kirszbaum préfère par exemple parler de condition urbaine.
Néanmoins, selon le rapport d’enquête réalisée par le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq), en partenariat avec le Secrétariat général du Comité interministériel des villes, sur l’insertion des jeunes vivant en Zone Urbaine Sensible, le lieu de résidence de ces jeunes à la fin de leurs études influe inexorablement sur leurs conditions d’accès à l’emploi. L’« effet quartier » est réel : les jeunes habitants dans un quartier politique de la ville à la fin de leurs études ont aujourd’hui plus de difficultés que les autres à accéder à l’emploi.
Le même type de discriminations frappe aussi les habitants des zones rurales.
Parce qu’il est inadmissible que le CV d’un jeune soit jeté à la poubelle au seul motif de son lieu de résidence, j’ai souhaité renforcer nos actions en engageant un partenariat renforcé pour l’accès à l’emploi et à l’alternance dans les quartiers populaires avec Mozaïk RH. De la même manière, j’aurai le plaisir de signer une convention d’engagement avec la Fédération Nationale de l’Aviation Marchande. Inutile de rappeler que la Région Ile-de-France possède trois aéroports et que pourtant les métiers de l’aéroportuaire demeurent trop souvent inconnus de nos jeunes.

Prochainement d’autres thématiques seront abordées, notamment avec ma collègue, Vice-présidente, Laure Lechatellier, sur une démarche spécifique liée au handicap, et cela en partenariat avec le Conseil consultatif du Handicap.
Peut-être l’avez-vous déjà noté dans votre agenda, mercredi un autre séminaire sera consacré à la question du genre.

D’autres rencontres et d’autres échanges auront lieu, car la volonté de la Région Ile-de-France, de son Président Jean-Paul Huchon, de ses élus et de moi-même est de s’inscrire dans une démarche de co-construction avec l’ensemble des acteurs du territoire francilien. C’est tous ensemble que nous parviendrons à rétablir la confiance autour de notre pacte républicain.

Par avance, je vous remercie et vous souhaite une après-midi constructive à mes côtés.

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