vendredi 7 août 2015

Trafic de drogue : Voie sans issue. Ce soir à La Castellane à Marseille.


Par Abdelhak Kachouri

Vice-président de la Région île-de-France en charge de la Sécurité - Commandant de Gendarmerie de Réserve

Le trafic de drogue a pris une place très grande dans nos quartiers. Il génère des millions d'euros, il permet l'achat d'armes de guerre, il permet le blanchiment d'argent en France et à l’Étranger, il permet l'achat de biens immobiliers, de grosses cylindrées, il permet les bonnes vacances, les bonnes adresses, il fait rêver les plus jeunes, il donne de l'imagination, il fait croire que l'on est invincible, intouchable et au dessus de tout.

Mais à la fin, c'est toujours pareil.

Froidement, on ne s'y attendait pas, pas le temps de se défendre, pas le temps de fuir, une détonation, des cris, de la panique, les gens s'enfuient, une douleur, on a chaud, on a froid, on s'écroule, plus de bruit, on respire vite, on s'en va, voyant sa vie défiler, se remémorant des souvenirs, c'est fini. Tout s'éteint.

Un de plus.

Une vie brisée, une nouvelle famille anéantie. Des frères et sœurs perdus. Des parents réduits à l'état de "zombies" avec cette question "pourquoi"qui les hantera toute leur vie.

L'appât du gain est plus fort que tout.

Dans ce milieu, la seule règle, c'est d'être le patron. D'un hall d'immeuble, d'un escalier, d'une rue, d'un quartier, d'une ville. Plus le territoire est grand, plus on pèse et plus on est exposé. La seule règle dans ce milieu, c'est de faire plus de fric, c'est de faire parler ses armes, c'est de s'imposer. Dicter "sa" loi contre toutes celles de la République est dans ce milieu une méthode de gestion.

Pourtant, l'issue est connue d'avance.

En prison, pour les plus chanceux, vidé de son sang à côté d'une bouche d'égout pour les autres.

Triste réalité pour une jeunesse déboussolée.

La lutte contre le trafic de drogue est un combat de tous les jours, incessant et déterminé. Il doit impliquer l'ensemble des services spécialisés des pays dans lesquels le blanchiment a lieu. Il ne s'agit pas de quelques milliers d'euros, mais de centaines de millions d'euros réinvestis illégalement, notamment dans l’immobilier.

En amont, nous devons continuer le travail de prévention et de décèlement des profils les plus fragiles pouvant basculer dans la participation au trafic de drogue.

Ce soir, j'irai rencontrer des familles de la Castellane à Marseille pour aborder avec elles l'évolution du plan de lutte contre le trafic de stupéfiants lancé par le gouvernement de Manuel Valls.