mardi 20 janvier 2015

"La France des lumières est immortelle" Par Claude Bartolone

Le 7 janvier, l’année nouvelle commençait dans un fracas de fureur et de barbarie qui plongea notre population face à un défi : résister à l’intimidation, à l’attaque contre sa capacité à vivre ensemble.

Des marionnettes de mort exécutèrent froidement des journalistes pleins de vie, de gaieté et d’intelligence parce qu’ils étaient libres, des policiers pleins de civisme et de courage parce qu’ils étaient républicains, des citoyens qui passaient, qui faisaient leurs courses, qui ne demandaient rien d’autre que de vivre, parce qu’ils étaient juifs.

Le 11 janvier, pour répondre à la haine, la République se leva et, d’une même voix, clama dans un chant d’harmonie qu’elle était la France et qu’elle ne craignait rien.

Cette musique jaillit de nos 36000 communes, de la France de nos villages, de nos villes, de nos quartiers, de nos coteaux et de nos collines. Partout sur le territoire de la République, des Françaises et des Français ont connu cette alchimie mystérieuse qu’on appelle la citoyenneté : l’articulation entre une terre d’origine, qui définit une singularité, et l’appel de la République, qui promet la fraternité.

La vie démocratique reprend déjà, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, au sein des conseils municipaux et de toutes les instances de discussion et de décision des collectivités locales. Les objets de débat ne manquent pas : élections prochaines, réforme territoriale, responsabilité budgétaire des collectivités, évolution des métiers et des instances de représentation, réforme de l’État et des collectivités…

L’esprit du 11 janvier nous rappelle que ces débats, sains, décisifs et apaisés, tournés vers la recherche de la meilleure solution souhaitée par la volonté générale, consolident la République. Les tortionnaires, en voulant transformer la libre expression des opinions et des divergences en une guerre civile des identités abstraites, ont échoué et n’ont fait fléchir ni l’unité nationale, ni l’autorité de l’État démocratique, ni l’égalité républicaine.

« La souveraineté de la nation réside dans les communes », écrivait déjà Saint-Just à l’aube de la République, tant nos Pères fondateurs ont su tout de suite imaginer cette rencontre entre le lieu où l’on vit et la France qui demeurera toujours bien davantage que la simple somme de nos individualités.

C’est la France des Lumières qui fut attaquée. Nous, amoureux de nos territoires, de la France partout où elle brille, de sa population partout où elle vit, travaille et espère, nous demeurons déterminés, le coeur gros mais l’esprit tranquille, car nous savons qu’elle est immortelle.

Claude Bartolone, Président de l’Assemblée nationale