vendredi 16 novembre 2012

Séminaire Genre et Santé "Penser la prévention et l’offre de soin pour les femmes et les hommes en Ile-de- France"

Dans le cadre de la préparation du Plan d’action régional en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes, j'ai souhaité que le Conseil Régional d’Ile de France participe en lien avec le Centre Hubertine Auclert, à l’organisation de trois séminaires de consultation qui permettront de formuler des préconisations concrètes à intégrer aux plans d'actions de la Region Ile de France.


Ainsi, aujourd’hui, a débuté le premier séminaire sur le thème de la sante, intitulé « genre et santé »: Penser la prévention et l’offre de soin pour les femmes et les hommes en Ile-de- France.
Vous trouverez ci dessous mon discours d'ouverture.

Bonne Lecture.


Mesdames, Messieurs les élus

Ma chère Laure Lechatellier, Ma chère Djeneba Keita,

Mesdames, Messieurs les représentants d’associations

Mesdames, Messieurs,

Permettez-moi tout d’abord de vous remercier pour votre présence aujourd’hui et de remercier l’ensemble des intervenants qui ont répondu positivement pour ce séminaire de travail :

Laure Lechatellier, Vice-présidente de la Région Ile-de-France chargée de l’action sociale, des formations sanitaires et sociales, de la santé et du handicap

Marie-Pierre Martinet, Secrétaire générale du Planning Familial

Coraline Delebarre de Kiosque Info Service

Haminata So et Marie-Françoise Lantieri du GRDR

Catherine Elmghazli de la Fédération régionale du Planning Familial

Claire Fortassin de la Mutuelle des Etudiants

Maudy Piot de Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir

Martine Hatchuel et Sophie Gaudu de l’ANCIC

Djeneba Keita, Présidente du Centre Hubertine Auclert
Un remerciement tout particulier à Djeneba Keita ainsi qu’à l’ensemble de l’équipe du Centre Hubertine Auclert qui a organisé ce moment de travail et de réflexion particulièrement important.
En février dernier, j’ai eu l’honneur de présenter devant l’assemblée plénière un rapport ambitieux renforçant notre politique régionale pour l’égalité réelle, contre toutes les formes de discriminations et pour l’égalité femmes-hommes.

Un rapport ambitieux car nous avons réellement voulu que celui-ci s’inscrive dans l’actualité des problématiques auxquelles nous sommes confrontés en matière d’égalité. Nous avons voulu que cette politique régionale éminemment transversale reflète l’ensemble de nos actions, portées par toutes les délégations et par tous les élus du conseil régional. Et nous avons voulu que la Région Ile-de-France prenne toute sa place dans les combats que nous avons à mener, tous ensemble, pour que l’égalité réelle devienne enfin une réalité sur notre territoire.
J’ai porté cette volonté, avec le Président, Jean-Paul Huchon, et avec tous les Vice-présidents, marquant ainsi que l’égalité réelle était bien l’affaire de toutes et de tous, à commencer par nous, élus, qui définissons les politiques régionales.

Nous avons ainsi élaboré une politique reposant sur plusieurs piliers.
1. Nous avons tout d’abord mis en place une politique incitative, afin de valoriser les actions exemplaires et de les démultiplier sur le territoire francilien.

2. Nous avons mis en lumière la nécessité que cette politique s’appuie sur une expertise réelle, permettant de connaitre les phénomènes discriminatoires, la manière et les lieux où les inégalités s’expriment, mais également les bonnes pratiques à essaimer et mettre en œuvre.

3. Cette politique s’appuiera sur des dispositifs innovants, qu’ils soient développés par l’Etat, les collectivités territoriales ou les associations.

Dans ce cadre, je présenterai par exemple dès la semaine prochaine en séance plénière, un partenariat expérimental entre la Région et le Ministère aux Droits des Femmes, portant sur l’égalité professionnelle et sur les démarches à mettre en place pour favoriser l’égalité dès l’orientation et le choix d’une filière ou d’un métier. Les stéréotypes ont encore trop de poids et dirigent automatiquement une jeune fille vers telle filière, plutôt dans le sanitaire et social, et un jeune homme vers tel métier, plutôt technique ou scientifique. C’est pourquoi nous devons tout mettre en œuvre pour que l’égalité s’opère au plus tôt, bien avant l’entrée dans la vie active.

4. Nous avons également voulu que cette politique soit dirigée en priorité vers les discriminations les plus criantes et les plus insupportables. Oui, nous luttons contre toutes les formes de discriminations, mais oui nous savons que certaines discriminations sont plus fortes que d’autres, qu’elles touchent un public plus important et que les dispositifs existants ne sont pas forcément à la hauteur des inégalités.

Les discriminations de genre figurent inévitablement dans celles contre lesquelles nous devons lutter en priorité, car elles s’exercent encore de manière très forte, dans tous les domaines et se cumulent souvent avec d’autres formes de discriminations.

5. Enfin, notre volonté est également celle d’avoir une politique renforcée en matière d’égalité, s’appuyant notamment sur l’élaboration au sein même de la Région Ile-de-France d’une feuille de route précise, concertée et partagée, entre toutes les délégations, mais également avec tous nos partenaires.
C’est la raison qui nous réunit aujourd’hui.
En effet, nous travaillons actuellement à l’élaboration de deux plans d’actions qui fixeront les objectifs et les ambitions de la Région pour les trois années à venir. Un plan d’actions portera sur toutes les formes de discriminations, et un autre sera spécifiquement consacré à l’égalité entre les femmes et les hommes. Cette feuille de route est bien évidemment le résultat d’un travail interne important.

C’est ainsi que nous avons fait le choix de mettre en place un cycle de séminaire de travail et de concertation. Nous avons pris l’habitude, régulièrement, de travailler ensemble, la Région et ses partenaires. Nous, élus, et je sais que je peux parler également au nom de Laure et de Djeneba, savons pertinemment que nous ne pouvons mettre en œuvre aucune de nos politiques publiques, si elles ne sont pas acceptées, et relayées sur le terrain, par nos partenaires. Nous savons parfaitement le travail que vous faites sur le territoire, un vrai travail de service public, une mission de service au public, et je tiens à la fois à vous en féliciter et à vous en remercier.
C’est pourquoi, après une première réunion en septembre dernier, nous nous voyons à nouveau aujourd’hui sur la thématique de la santé.
Ma collègue Laure Lechatellier vous présentera la politique régionale de santé, elle aussi largement renforcée par le vote d’un nouveau rapport il y a quelques semaines, visant à offrir à toutes les franciliennes et tous les franciliens un système de santé digne de notre Région.

Vous le savez, notre territoire est confronté à des enjeux primordiaux sur les conditions de vie des franciliennes et des franciliens.

Des enjeux économiques évidemment, avec une crise profonde qui aggrave les inégalités et qui ont des conséquences dans tous les domaines.

Des enjeux en termes d’accès à ce que l’on peut considérer comme le minimum vital : un travail, un logement, une éducation, la santé.
Il est insoutenable et insupportable d’entendre systématiquement que les premiers sacrifices des familles portent sur la santé. Des médecins trop loin, trop chers, des hôpitaux qui ne peuvent plus faire face à l’afflux des malades, des services d’urgence saturés, des territoires désertés.

Autant de problématiques auxquelles nous devons faire face, autant de problématiques qui sont une priorité pour notre Région.

L’accès à la santé est frappé de plein fouet par tellement d’inégalités.

Des inégalités sociales, qui aboutissent à un accès différencié selon les ressources.

Des inégalités territoriales, qui permettent à certains d’avoir tout à portée de mains, là où d’autres n’ont rien.

Des inégalités environnementales, qui confrontent des populations à des risques multiples tels que la pollution ou la présence d’amiante dans des lieux de vie ou de travail.

Des inégalités culturelles, des inégalités en fonction de l’âge, dans l’accès aux bonnes informations et tant d’autres.
Et dans tout ça, et toujours et encore de manière cumulative, les femmes sont plus touchées que les hommes.

Il y a quelques semaines, nous participions avec Maudy Piot, que je salue une nouvelle fois, à une réunion du Conseil Consultatif du Handicap. Les associations présentes ont apporté des témoignages terribles sur des situations de discriminations liées au handicap. Certains de ces témoignages m’ont profondément marqué, et à nouveau le cumul de ces discriminations est criant.

Lorsque l’on parle de santé, il y a également des questions, des problématiques, des maladies, qui touchent spécifiquement et uniquement les femmes.

Les questions liées à la grossesse, ou à l’Interruption Volontaire de celle-ci, à la contraception, qui est encore essentiellement appréhendée par les femmes, seront évidemment au cœur de nos discussions.

Qu’au 21ème siècle, certains puissent, en France, remettre en cause le fruit de luttes qui ont marqué notre société, qui ont établi le droit des femmes à disposer de leur corps, est impensable. Et pourtant vrai.

Que pour des raisons sociales, certaines femmes ne puissent même pas avoir ce choix, parce qu’elles n’ont pas pu se permettre d’acheter une pilule contraceptive et que, parfois, faute d’avoir la bonne information, elles assument des grossesses non désirées, souvent précoces. Cela ne devrait plus être possible. Et pourtant.

La question de genre est encore primordiale lorsque l’on parle d’éducation à la sexualité, sujet si souvent tabou, de l’éducation à l’égalité des sexes, au respect de l’autre. Apprendre, et ce dès le plus jeune âge, que les filles sont les égales des garçons, y compris dans leur sexualité, est un véritable enjeu de société.

Dans quelques jours, le 25 novembre, nous célébrerons la Journée Internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Ce qu’il ne faut jamais oublier, c’est que certaines victimes voient les violences qu’elles subissent comme une fatalité, comme quelque chose faisant partie de leur vie et contre laquelle elles ne peuvent lutter. Pour des raisons diverses, elles ont intégrées qu’une femme pouvait subir les violences de son compagnon.

L’éducation à la sexualité permet de savoir que ces violences sont inacceptables.
Dans toutes ces problématiques, nous avons un rôle central à jouer.

La Région Ile-de-France a fait le choix depuis de nombreuses années d’avoir une approche intégrée de l’égalité femmes-hommes afin que tous les sujets que nous traitons intègre de manière systématique une démarche genrée. Nous sommes fiers de pouvoir dire aujourd’hui que cette démarche est devenue totalement naturelle dans le développement de nos politiques. Mais ce n’est pas pour autant que j’en oublie le chemin qu’il reste à parcourir pour réaliser l’égalité entre les hommes et les femmes.


La volonté développée par la Région Ile-de-France est toujours d’agir au plus près des besoins des franciliennes et des franciliens. Notre objectif est de pouvoir offrir au quotidien sur notre territoire les conditions d’une véritable justice et d’une égalité réelle.

Et je le redis, pour cela nous ne pouvons agir seuls. Aussi, je vous remercie à nouveau pour votre présence, je vous remercie par avance des préconisations et des propositions qui ressortiront des discussions de cet après-midi, qui je le sais sera très riche et je vous souhaite un bon séminaire.



Je cède la parole à Laure Lechatellier.